Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/308

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300 Gardez—vous de croire qu’elle est desesperee, quand meme ce premier essai ne serait suivi d°aucun succes. Il est impossible que la vivacite qui vous anime avec une force si constante, ne tienne pas a un principe de vie par- faitement conserve. Votre esprit a tant et tellement tara- buste votre pauvre machine , qu’elle est lasse et surme- nee : voila, je crois, toutc la cause de votre mal. Ranimez votre corps et faites reposer votre eme : nous ne tarde- rons pas a vous revoir telle que nous vous desirons. Votre lettre m’a fait grand plaisir; je vous y vois acti- ve, vivante, occupee du monde et du genre humain comme d’une variete; enfin distraite sans etre agitee. Cela seul serait un remede. Vous me ferez grand plaisir de me citer quelques mots I de chacune des lettres que vous recevrez de Rome. Je suis E assure que vous les choisirez toujours si bien, que , sans

vous fatiguer, ils pourront suffire a me donner une idee

{ du reste. Il faudra qu’un de ces jours j’ecrive a notre pau- I l vre ami. Je partage son deuil , et j’ai comme lui le cmur E navre de cette Rome; mais, sur ce point, c’est sans eton- I nement. Fontanes m’a écrit une grande lettre que j'ai recue avec la votre. Vous savez apparemment qu’il est a Neuilly , I chez madame Bacciochi. Il me parle de la desolation on · le laissent lcs departs de tous ses amis. Gueneau est le dernier qui l’a quitté. C’est , je crois , l’absence de celui— E la surtout qui lui a fait sentir le desert. Il m’en fait l’a- ` i pologie, et pretend que votre societé ne l’aime pas , quoi-

  • que je l’eusse positivement assure que j’etais le seul qui

' ent le tort on la raison de le gouter peu. Il m’entretient

 ensuite des beautes du livre de notre ami, qu’il rclit , ct
et dont Suard et Morellet contestent le merite, a sa grande

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