Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/330

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| azz E ros propres a mieux représenter ses pensées. Je sais, par I ma propre experience, combien cette regle est difficile a

 observer; mais je juge de son importance par le malheur

i de toutes les métapbysiques. Aucune n’a prospéré, par la { seule raison que, dans presque toutes, on a coustamment use de chiifres au lieu de valeurs, d’idées forgées au lieu d’idées natives, de jargon au lieu d*idiome. La plus belle, et la seule qui mérite qu’on y prenne garde, est celle qui du moins a douné des images au lieu de raisons ; car ces images plaisent; elles amusent, elles remuent. elles don- ! nent a l’esprit ·de belles dispositions. Y Au surplus, vous avez évité Yinconvénient dont je me plains, dans tous les bons endroits de votre écrit. Vous y avez montré une métapbysique humaine, intelligible , pleine de bon gout et toute composée des notions commu- nes a tous. Ne vous égarez pas en substituant des accep- tions de mots privées a leur acception publique. Il y a, dans ce chapitre sur Hmportemcé et les moycns de conserver sa volonté, des choses simples, vraies, neuves, admirables. Je vous en parlerai quelque jour, pas trop in- dignement peut-étre, car j’en suis'fort enthousiasmé. En attendant, tournez autour de votre sujet; entlez-le des accessoires convenables, et pourtant n’excédez pas la me- i sure. C’est une personne; n’en faites pas une pure éten- due. Tout ce qui dépasserait les pieds, les mains, le tronc, la téte, et l’espace indispensable pour loger tout cela, avec n ses contours, serait de trop. Quand notre esprit produit , il enfante en lui-meme, avec sa production, tout ce qu’il I faut pour la nourrir et l’augmeuter , si nous prenons le temps de la porter a terme, et que nous ayons le soin de la couver. Fouillez-vous; mais ne faites pas_d’excursions; ayez soin meme d’is0ler, le plus que vous pourrez, vo- (

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