Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/337

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329 ‘ dresse et les feux des passions, et que toutes mes passions se sont promptement taries, en ne laissant rien d’elles¥ memes, quand tous mes sentiments laissaient en moi quel- que racine indestructible. En tout il me faut quclque jeu. Si Dieu le veut, il n’y a rien A se reprocher; or, en m’exa— minant A fond, jusque dans mon innocence premiere, car il est aussi important de ne pas se condamner que de ne pas s’absoudre mal A propos, j°ai trouvé que véritablement cette disposition ne venait pas en moi d’habitnde. VoilA ma confession. Si elle m’excuse aujourd’l1ui, elle ne me réjouit pas, je vous assure. Que ce soit , en etfet , defaut de vie ou défaut de nature , les inconvénients sont les memes. Ne m’épargnez donc pas IA-dessus. Aidez— moi A combattre , par la honte et par la crainte de ses inconvénients , une infirmité qui est naturelle , mais A laquelle je dois résister autant que je le puis. Quant A ce qui passera la possibilité, je saurai m’y résigner comme A un mal qui vient d’en haut. ll y a des défauts dont nous ne pouvons tirer d’autre parti que de nous en faire une vertu , par la patience et par notre soumission A les avoir. Apparemment le mien ne me permettra jamais d’é- tre tres-utile ni A moi ni aux autres, et je mourrai rempli de beaux projets et de belles intentions qui n’aboutiront A rien du tout. Quelques plaisirs que mon esprit aura donnés par-ci par-lA , pendant ma vie , seront la seule recompense ou le seul dédommagement des soins que j’aurai pris de sa culture. Comme il plaira A Dieul C’est _ mon mot d’habitude et mon remede A tous ces maux. Il me rend le courage et la paix , et me rengage toujours avec joie , quand je le prononce du fond du cu-zur, aux soins , aux peines, aux travaux dont je vois l’inutilité. C’est le bois de mon sacrifice; je l’assemble tant que je Dig$ u by Gccgle