Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/336

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328 suis an contraire immuable; mais mon sang et ma chair sont capricieux au lieu de moi. Bien-ne peut les domp- ter, qu’un grand motif qui vient du cceur. Si, par exem- ple, je me sens évidemment nécessaire, aussitbt mon prin- _ cipe de mouvement se met en eeuvre, avec une force, une egalité qui m’ont bien souvent étonné. Un épuisementab— solu me force seul a m’y soustraire, car cette faculté vit toujours en moi par la partie de ses racines qui tient a la ' volonté. _ — ll`me semble certain, d’un autre cete, que j ’ai natu- rellement Fame et la fibre aussi baut montées que l’har- monie humaine Ie permet, et que, des qu’elles apmiiveiii quelque irritation, je sors du diapason. Tout ce qui porte · a mon cerveau plus d’esprits qu’il n’y en a d’ordinaire-, le trouble- et met obstacle a ses fonctions; tout ce qui porte dans mon cueur plus de feu, y produit le meme em- barras. I Voila pourquoi, quant au premier point, une longue ou I trop vive application me rend sterile, et pourquoi , quant I au second, il me faudrait peu d’ali`ections , peu d’amis. Ma tete et ma sensibilite auraient besoin, pour s’exercer I avec succes , d’un mouvement qui dissipat ce qui s’y I trouve, mais qui n’y amenat rien. . Le plaisir intellectual qui m’est si nécessaire pour opé- rer, ce que je me reproche comme une espece de vice spi- rituel, est peut-etre cependant pour moi une ressource indispensable et que la Providence elle-meme me pres- I crit. Allms color disgregat viaum, disait l’école; voila lc _ cas ou je me trouve. Ce qui me le démontre, c’est que les idées graves me viennent en abondance, quand je me ` joue, et s’arretent des qu’elles. m’ont beaucoup tendu. I C’est ce qui fait aussi que mes bienveillances 0nt la ten- I I I _ I Digiiizao by Gccgle I