359 plus, ce qui m’cmbarrasse fort pen. Que m’importent mes lettrés ? Ne suis- je pas sur que personne au monde ne vous estime et ne s’intéresse a vous plus vivement, plus entierement et plus intimement que je ne fais? Les tran- ses ou m’a mis votre impression, depuis que j’en ai eu la premiere nouvelle , en sont une bonne marque pour moi. Il y a , en elfet , dans votre ouvrage , des opinions et des expressions remarquables, des idées du caractere le plus baut, modcstement vétues, mais belles, nobles, in- génues , et que je vous verrais volontiers jeter au public. Mais je crains qu’ayant une fois montré votre talent, sous une face déterminée, vous ne vous en teniez la, non- ` seulement dans vos opérations, mais dans vos gouts; que vous ne bridiez votre esprit, au moins pour quelque temps, par les choses que vous direz; que vous ifenchainiez en vous cet attrait pour la variété , cette inconstance natu- relle a l’esprit, qui, le portant longtemps a dillérents plai- sirs, a différentes formes, et méme a des jugements oppo- sés , l’enricbissent en le promenant, et, par ses erreurs memes , le dressent a ne plus se tromper. Croyez que si le ciel a donné des ailes a l’attention, ce n’est pas pour rien. L’inconstance dont je parle, pourrait fort bien étre, en littérature, ce que la mobilité d’humeur, dans les en- fants , et leur curiosité légere sont a la vie : un moyen d’apprendre a se iixer dans ce qui nous oonvient le mieux. Au surplus, n’imaginez pas que mon exemple me serve ici de regle. Je suis plus porté a me chicaner qu’a m’ap-· prouver; mais peut-étre mes défauts ne vous feraient pas de mal, a vous. Mes transes, vous le voyez par ce peu de mots d’ex- plication, sont des transes purement pbilosopbiques. J ’a— joute que si elles sont fondées , en vous les communi- — Digiiizeu by Gcogle
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