Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/384

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Y 376 patience, et m’a repondu avec unc telle douceur, que, de pure lassitude , d’epuisement et aussi d’attendrisse— ment, je croirai desormais que le lieu est charmant , les depenses utiles et l’acquisition excellente. N’interrogez done plus un homme dont la judiciaire est troublee; je me declare incompetent. C’est de vous que je veux ap- prendre ce que je dois penser desormais de tout cela; ma raison attendra que votre coup d’u->il la redresse. Jusque- la , mon avis est precisement celui de M. Bridoison : it Je c ne sais que vous dire; voila ma facon de penser. » Vous nous avez renvoye madame de Chateaubriand enchantee de vous et de tout Mereville. Si elle se plalt un quart d’beure dans son futur manoir, autant qu’elle s’est plu pendant cinq jours dans le lieu ou vous etes , _ son mari n’aura pas fait une aussi mauvaise alfaire que je l’ai d’ah0rd craint , lorsque j’avais le sens commun. Il faut absolument que j’assomme votre portier, un jour que j’aurai de la force, et je vous en demande tres—serieu- sement la permission. Cet homme a l’air d’un Cerbere maigre; il me recoit toujours fort mal, ne m’écoute point, ne me laisse jamais entrer, et, de plus, il me prend pour le pere de mon frere, c’est—a-dire, pour mon propre pere A moi. J’avais choisi les deux jours les plus brtllants de l’annee, et le plein midi de ces deux jours—la , pour vous faire de ces visites signalees , qui prouvent sans contes- tation un devouement incomparable , et qui rendent im- possible , de la part de ceux qui les recoivent , toute in- gratitude et meme toute indifference; je m’attendais a H votre admiration , a vos regrets , tout au moins a votre R pitié; il est clair que le miserable m’a omis sur votre liste, ou que peut-etre il m’en a mechamment elface. Je ne lui pardonnerai jamais les reproches de negligence et d’ou- i

1