Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/42

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poëme de la poésie d’images, mais aussi de la poésie d’idées.

Il faut que les pensées des poëtes soient légères, nettes, distinctes, achevées, et que leurs paroles ressemblent à leurs pensées.

Les beaux vers sont ceux qui s’exhalent comme des sons ou des parfums.

Tous les vers excellents sont comme des impromptus faits à loisir. On peut dire de ceux qui ne sont pas nés comme d’eux-mêmes, et sortis tout à coup des flancs d’une paisible rêverie : prolem sine matre creatam. ils ont tous quelque chose d’imparfait et de non achevé.

Chaque parole du poëte rend un son tellement clair, et présente un sens tellement net, que l’attention, qui s’y arrête avec charme, peut aussi s’en détacher avec facilité, pour passer aux paroles qui suivent, et où l’attend