Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/443

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etre fatal et funeste, dont la mort me parait un bien, et m’attriste cependant , quand je vois l`indifference avec laquelle ses amis memes out vu descendre au tombeau cette femme encore si vivante et qu’on avait si longtemps fétee ! Je me suis informe de toutes parts : il u’y a pas eu d’cxprime un seul veritable regret; son quartier meme l’a maudite, je ne sais pourquoi. Benjamin Constant a vu pendant deux heures M. Frisell , le jour de sa mort, sans lui en parler. Quand celui—ci lui en a fait des reproches, quelques jours apres, il lui a repoudu ; e Je croyais que vous le savlez. » Le jour des louanges a été déplaeé pour elle; elle en avait regu dans sa vie, il n’y en a point eu au dela. Cette infortuné d’une telle celebrité m’a navre veritablemcnt; et quand j’ai vu que personne ne voulait penser a cette pauvre femme , jeme suis mis à y penser tout seul, et li regretter, avec une amertume inconsolable, le mauvais emploi qu’elle a fait de tant d’esprit, de tant dc force et de tant de honte. Elle est morte, comme vous le savez, madame de La Roche ou della Rocca , et cet incident, qui égaie un peu ma tristesse, n’a pas occupe la malignité ! Sans les journaux, la fin d’une vie qui a été si tumultueuse, n’aurait pas fait le moindre bruit.

Madame de Chateaubriand, à la suite d’un catarrhe qui avait extrêmement fatigue sa poitrine , a eu la rougeole, à Montboissier. Elle est mieux ; mais elle nous a fort inquiétés , et nous avions envoyé son médecin, M. Laënnec. Je vous connais trop fidèle aux amitiés même passées, pour vous croire indifférente à cette nouvelle, qui d’ailleurs me touche de près, et je vous la donne.

Ce pauvre garçon est bien malheureux cette année ! …