Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/453

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445 un temps bien indigne aussi du mois de juillet, ct sur- tout du Q2. Mais j’en ai de rechange, et s’iI ne fait pas de- main un beau jour de Sainte·Madeleine , je me souvien- drai d’un autre. · Vous souvenez—vous d’avoir entendu citer a Chateau- briand deux vers d’un vieux juge de paix de Seeaux , qui traduisait Atala a sa mauiere, et qui faisait dire a son sauvage : .......... Le cruel souvenir Ne‘veut pas que mes maux puissent jamais tlnir. Je parodie ce sauvage en me disant: .......... Un si doux souvenir Ne veut pas que mes biens puissent jamais {inir. Donnez-moi , je vous prie , de vos nouvelles un peu en detail, et de eelles de madame de Labriche, dont j’espere que l’accident est entierement sans vestiges. Avez-vous · aupres de vous madame de Pastoret, et` son affliction s’a— doucit-elle? Je n’ose pas aller la voir, de peur de remuer ses douleurs; mais je pense beaucoup a elle. Je ne vous dis rieu pour M. Molé; jc veux me brouiller avec tous les hommes, excepté avec deux ou trois. La politique a Oté aux autres la moitié de leur esprit, la moitié de leur droit seus, les trois quarts et demi de leur bonté, et certaine- ment leur repos et leur bonheur tout entiers. Je les at- teuds in l’autre monde; c’est la seulemeut que je rcnoue- rai mes amitiés. A propos d’amitié, le pauvre Frisell, qui servait quel- quefois de truchement a la notre , étant parti pour Lon- dres, a resseuti a Dieppe une atteinte de goutte qui lui a rendu une main toute enllée et toute rouge. Le voila qui sc croit délivré de tous ses autres maux ,‘ ct qui nous Digiiized by GOOgl€