Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/53

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fécondes, quand elles ne sont plus nouvelles, il faut les remuer à de grandes profondeurs.

Toutes les langues roulent de l’or.

Rendre aux mots leur sens physique et primitif, c’est les fourbir, les nettoyer, leur restituer leur clarté première ; c’est refondre cette monnaie, et la remettre plus luisante dans la circulation ; c’est renouveler, par le type, des empreintes effacées.

Le nom d’une chose n’en montre que l’apparence.

Les noms bien entendus, bien pénétrés, contiendraient toutes les sciences. La science des noms ! Nous n’en avons que l’art, et même nous en avons peu l’art, parce que nous n’en avons pas assez la science.

Quand on entend parfaitement un mot, il devient comme transparent ; on en voit la couleur, la forme ; on sent son poids ; on aperçoit sa dimension, et on sait le placer. Il faut souvent, pour en bien connaître le sens, la