Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/67

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de l’expression, n’en augmentent que peu le mérite, et leur beauté native semble rendre inutile l’agrément de la draperie. Appliquez cette observation aux pensées de Nicole ou de Pascal, et vous la trouverez juste. Mais si l’on veut que ces belles idées soient répandues et citées, et l’on doit en rendre digne tout ce qui est digne d’être connu, il devient nécessaire de les exprimer avec soin. L’art seul impose aux hommes ; ils n’osent ignorer rien de ce qui peut être loué comme chef-d’œuvre, et méconnaissent même ce qui est beau, s’il n’a l’empreinte d’un talent extraordinaire.

Il faut que les pensées naissent de l’âme, les mots des pensées, et les phrases des mots.

On aime à pressentir, dans le son même des mots, la liaison qui se trouve entre les idées qu’ils expriment.

Il est beaucoup d’idées et de mots qui ne servent de rien pour s’entretenir avec les autres, mais qui sont excellents pour s’entretenir