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le développement des goûts du futur savant une grande influence. Tout en lui faisant suivre les cours du collège, son père lui apprenait le maniement des outils délicats de son métier, et développait chez lui le goût du dessin. Il y acquit une grande habileté. Il organisait en même temps chez lui un petit laboratoire de Chimie. Songeant à cette époque à se présenter à l’École Polytechnique, il se mit à étudier les mathématiques et prépara son jeune frère au même concours en 1818. Par le plus étrange des hasards, l’élève seul fut admis, le maître échoua.

Il se dirigea alors vers les beaux-arts et travailla dans l’atelier du peintre Gérard. Mais les études scientifiques l’attiraient toujours ; nous le voyons successivement ingénieur dans une usine des Ardennes, libraire à Tours, professeur de mathématiques et de littérature, et consacrant ses loisirs à l’histoire naturelle ; il connut bientôt la flore de la Touraine, collectionna les minéraux et les fossiles du pays. La ville de Tours le chargea de faire des cours de Géométrie et de Chimie qui eurent un réel succès.

A cette époque, il publia une Flore complète d’Indre-et-Loire. Dujardin sentit alors qu’il avait besoin de suivre à Paris des cours et des laboratoires avant de se spécialiser. L’étude des animaux microscopiques eut ses premières préférences ; il alla passer à Toulon l’automne de 1834 ; il y découvrit les Rhiiopodes et ébaucha un travail sur les Crinoides. Il y retourna en 1835, puis il alla sur les côtes de Normandie avant de se décider à publier ses découvertes sur les Rhizopodes. Il fit voir que ces animaux inférieurs, au lieu d’avoir une organisation complexe comme on le croyait alors, n’étaient autre chose qu’une petite masse de substance vivante fondamentale qu’il nomma sarcode ; il est déplorable que ce mot si expressif n*ait pas été accepté dans la science ; il est beaucoup plus juste que le mot protoplasma qui a prévalu.

Dujardin étudia ensuite les Infusoires, groupe alors presque inconnu et où le peu de vérité que Ton savait était masqué par une infinité d’erreurs. Il en élimina toute une série d’êtres qui n’avaient rien à y faire, puis il mit en lumière les caractères fondamentaux de ces animaux. Il eut, à leur sujet, d lutter contre des naturalistes, et principalement contre Ehrenberg, qui n’acceptaient point ses découvertes ; la justice