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TROISIÈME LEÇON.


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VICTOR HUGO. LE POÈTE ET LE PENSEUR.


La Méthode critique, inaugurée par Taine, consiste essentiellement à expliquer l’œuvre par l’auteur, et les facultés supérieures de l’intelligence et de l’imagination par un détail de l’organisation psychique et même physique. Disséquez une abeille et vous trouverez dans sa structure le secret de son miel. Cette méthode a été appliquée de nos jours à Victor Hugo par M. Paul Bourget, dans le remarquable article qu’il a consacré à notre poète dans le Journal des Débats au lendemain de sa mort, et par M. Léopold Mabilleau dans un article intéressant de la Revue des Deux Mondes (15 oct. 1890).

Il faut avouer tout d’abord que de tous les grands hommes de notre époque, V. Hugo est peut-être celui qui se prête le plus malaisément à cette enquête psychologique. Nul écrivain n’a caché avec un soin plus jaloux les sources de son inspiration. On ne sait jamais, ou du moins on sait rarement, à quels livres il a emprunté ses matériaux, quel fait à servi de point de départ à ses fantaisies d’écrivain, quels procédés il a employés dans la construction de ses œuvres.

« Ami, cache ta source et laisse voir le fleuve, »


écrit-il quelque part. Et il ne faut pas seulement interpréter ce vers comme un conseil de discrétion et de modestie ;