Page:Jouffret - De Hugo à Mistral, 1902.djvu/83

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de Hérédia est un orfèvre et un émailleur, et c’est sans doute par sympathie de métier qu*il a consacré tant de sonnets dans ses Trophées, à l’art de l’orfèvre et de rémailleur (v. tout le chapitre sur le Moyen-âge et la Renaissance). Quant à Coppée, c’est un sculpteur : il cisèle, il burine. Peu importe la matière: elle est quelquefois très mince, mais le travail est toujours soigné. « C’est de la bonne ouvrage », comme disent les ouvriers parisiens. Il arrive même qu’il n’y a plus de matière du tout. L’art n’en ressort que plus victorieusement.

Si la mode était encore aux parallèles littéraires, je pourrais prolonger ce jeu d’esprit, et après avoir montré les ressemblances qu’on peut signaler entre Coppée et Hérédia, j’insisterais sur les différences. Mais comme les différences sont bien plus nombreuses, et que chacun de ces excellents poètes a, comme il convient, son originalité, sa manière particulière de voir les choses, mieux vaut, en somme, que j’abandonne ce cadre artificiel et usé, qu’on appelle le parallèle, et puisque j’ai à vous parler de deux poètes aujourd’hui, mieux vaut que je vous les présente à tour de rôle. Je parlerai d’abord de Coppée.

I° FR. COPPÉE.

Coppée a énormément produit. Voici d’abord cinq volumes de poésie où il a abordé presque tous les genres, sonnets, ballades, contes familiers, intimités, et même récits épiques, — puis quatre volumes de Théâtre, avec quatorze ou quinze pièces, depuis le Passant jusqu’aux Jacobites, et de ces pièces de Théâtre, qui ont d’ailleurs une valeur inégale, quelques-unes ont obtenu un franc succès, qui classé presque leur auteur au premier rang des auteurs dramatiques. Voici enfin trois volumes de contes en prose, discrets, attendris, intéressants, et qu’on a raison d’étudier en Allemagne, dans les gymnases, parce qu’ils offrent un modèle excellent de langue française. J’oubliais une autobiographie