Toute une jeunesse et une œuvre de morale religieuse La bonne souffrance. Il paraît que ce champ, déjà suffisamment vaste, ne suffisait pas à l’activité du poète, puisque dans son arrière-saison, non content de rêver, il a encore voulu agir, et que depuis quelques mois, il a versé dans la politique: mais nous ne le suivrons pas sur ce terrain.
Si la postérité n*est pas suffisamment renseignée sur la vie de Fr. Coppée, ce ne sera pas la faute du poète. Jamais poète, pas même Lamartine, n*a été aussi prodigue de confidences. Disons tout de suite d’ailleurs que ces con- fidences sont toujours scrupuleusement véridiques, ce qui les distingue suffisamment de celles de Lamartine, et que rimagination du poète n’a jamais transformé, idéalisé ni par conséquent altéré les faits que lui rapelle sa mémoire. L’autobiographie qui porte ce titre « Toute une jeunesse », est évidemment sincère et vraie. Fils d’un petit employé parisien, Coppée était le dernier né et l’unique enfant mâle d’une famille de quatre enfants. Comment, après des études assez médiocres (c’est lui du moins qui se plaît à le dire), il entra lui aussi dans un bureau, comment il s’exerça à rimer, et après avoir connu la pauvreté, se trouva brusquement, au lendemain, de la représentation du Passant, parvenu à l’aisance et à la célébrité, c’est ce que n’ignore aucun des lecteurs de notre poète. Et ce ne sont pas seulement les événements de sa vie, mais ses pensées, ses réflexions, ses sentiments intimes, ses amours, qu’il nous raconte avec une complaissanee inlassable et une bonne grâce souriante. Même quand il a l’air d’inventer une histoirie, un petit drame, nous le retrouvons inopinément. Qu’est-ce que cet Olivier dont il décrit les vaines aspirations vers le m^,riage? C’est Coppée lui-même. Quel est le jeune poète, dont une de ses héroïnes, la tendre et laide Jeanne, s’éprend ibllement, ce poète qui habite une mansarde, « ce pur et fier rêveur à vie érémitique » qui ne tarde pas à déménager, dès qu’il a publié son premier volume ? N’en doutez pas.
