native. Il ne cède ni à l’imitation de V. Hugo, ni à l’influence de Leconte de l’lsle. Mais il est un peu écrasé par
la comparaison avec ces maîtres, et de tous ces récits
épiques, je préfère encore ceux qui se rapprochent des
Poèmes modernes, comice le Naufragé ou la Veillée.
Peut-être ces morceaux se ressentent-ils un peu trop de l’insuffisante préparation historique que nous avons signalée
chez notre poète. Il n’est certes pas nécessaire d’être un
savant ou un érudit pour être poète, mais quand on n’a
pas l’imagination colossale d’un Hugo, il est difficile d’évoquer, sans avoir recours à la science, la vision des siècles
passés, et mieux vaut alors décidément rester dans le nôtre.
Je sais qu’il est vain de récriminer, et qu’il faut prendre les
poètes comme ils sont; je ne puis pourtant m’ empêcher de
penser que si Coppée, je ne dis pas à l’école de Leconte
de risle, mais dans sa première jeunesse, avait pris plus de
goût à l’étude des poètes anciens, de Virgile ou d’Homère
— si, sans troubler ses qualités natives d’observation et de
sensibilité, il avait pu se nourrir de la forte substance des
Grecs et de Latins, — il aurait peut-être donné à la France
un chef-d’œuvre de simplicité attendrie, qui lui manque et
qu’elle n’aura peut-être jamais, un poème comparable à
Hermann et Dorothée.
Ce qui distingue tout d’abord Hérédia, c’est son peu de fécondité. Tandis que Coppée multipliait les volumes de vers et de prose, abordant presque tous les genres, même l’épopée et le théâtre, Hérédia ne publiait qu’un volume, les Trophées (originairement les Fleurs de feu), et cultivait presque exclusivement un seul genre, le sonnet. Je ne compte pas, il est vrai, deux petits volumes de prose, la Nonne Alferez, et l’Histoire de la conquête de la Nouvelle Espagne, qui sont traduits de l’Espagnol, et qui ne sauraient ajouter beaucoup à la gloire du poète.