Page:Jouffret - De Hugo à Mistral, 1902.djvu/99

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Les larmes et le deuil, la gloire et le butin,
Tout cristallise en vers d*une masse compacte.

Cliver, tailler, polir l’éblouissant cristal,
Le sertir, l’enchâsser aux branches du métal,
Cest un art, je Tavoue, et noble et méritoire.

Mais j’admire surtout quel brasier, quel volcan.
Quelle âme incendiaire il t’a fallu. Titan,
Pour fondre en diamants les charbons de l’Histoire. [1]


L’École parnassienne a suscité, comme l’école roman- tique, bien des critiques et même bien des colères. Barbey d’Aurevilly publia dans le Nain jaune (1867) une série de médaillons où les trente-sept membre du cénacle furent vivement attaqués. Alph. Daudet et P. Arène publièrent une spirituelle satire de l’école, le Pamassiculet, où la manière de Leconte de l’Isle, de Catulle Mendès et de Fr. Coppée était gentiment parodiée, et y ajoutèrent une Préface (elle était de J. de Boys) qui faillit amener un duel entre Daudet et Mendès. Les républicains qui menaient à cette époque un assaut furieux contre l’Empire accusaient ces littérateurs d’opérer une diversion, et de travailler, consciemment ou non, au profit de la dynastie impériale. « Ce fut dans cette période, dit M. L. Xav. de Ricard, que furent inventées toutes les épithètes qui servirent, depuis, si commodément contre le Parnasse. Déjà impassibles, nous devînmes pires : nous fumes des fantaisistes, des formistes, des stylistes, que sais-je ? et enfin pour réunir toutes ces injures en une seule, des Parnassiens » (Petit Temps, 1er  juillet 1899). Mais il y a beau temps que ces colères se sont évanouies et que ces petits coups de griffe sont oubliés. Le terme de Parnassien

  1. V. Poèmes Idéalistes par Michel Joufîret, Marseille 1900, chez Barlatier, 19 rue Venture, et à Leipzig, chez Twietmeyer, Gellertstrasse.