Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/101

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On me fit rouler, comme une barrique, sur les marches d’un escalier sombre. Une porte s’ouvrit et je rentrai brusquement dans une atmosphère empestée, au milieu d’une obscurité profonde.

Je tombai sur des corps couchés à terre qui me reçurent avec des gémissements. Les cordes s’enfonçaient de plus en plus dans les chairs. Je n’eus que le temps d’avertir mes voisins de l’état dans lequel je me trouvais ; j’allais m’évanouir. Il fallut plus d’une heure à mes compagnons pour me délivrer complètement.

Nous étions cent dix hommes dans une cave sans jour et sans air, de 8 mètres de longueur sur 6 de largeur.

Nous n’avions aucune notion de l’heure ; minuit et midi avaient dans cet épouvantable séjour une nuit égale.

Une fois par jour, un gendarme remettait à chacun de nous 250 grammes de pain. C’était là toute notre nourriture.

Pour calmer notre soif, nous recevions deux bidons de campement contenant à peu près vingt litres d’eau.

Au centre de la cave, on avait placé un immense baquet en bois (souvent renversé dans cette obscurité) dont on devine la destination.

L’espace dans lequel nous étions parqués était si étroit que, pour dormir, la moitié d’entre nous devait coucher sur l’autre.

Pour donner une idée exacte de cette horrible