Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chez son patron les deux avirons qui servaient à faire sa petite traversée. Le soir désigné pour l’évasion il les oublierait à bord. Nous étions à peu près assurés qu’aucune remarque ne lui serait faite à ce sujet. Grantille était donc la cheville ouvrière de l’opération projetée.

Notre dévoué camarade se mit, comme j’en étais à l’avance convaincu, à notre entière disposition et me rassura complètement quant à la question des avirons ; la confiance qui lui était accordée lui permettait d’affirmer que de ce côté nous n’avions rien à redouter.

Deux ou trois jours après cette entrevue, Grantille me donna une nouvelle preuve de son généreux dévouement. Il vint me voir un matin ; les difficultés grandissaient à l’approche du moment décisif. Notre ami Vallerstein avait résolu, pour diverses raisons, de nous accompagner. C’était une septième personne compliquant encore notre entreprise.

Préoccupé, ennuyé des obstacles que je rencontrais à chaque pas et dont le récit serait trop long à faire, j’étais, je l’avoue, un peu découragé. Grantille, qui avait pour moi toute la sollicitude d’un ami, s’en aperçut et voulut connaître les causes de ma préoccupation.

Avec une brusquerie toute sincère et toute amicale je lui expliquai que l’évasion devenait de plus en plus difficile ; proposée au point de départ à deux personnes elle avait atteint le chiffre de sept personnes ; je ne lui dissimulais pas que cette augmen-