Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/81

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cent mille hommes. Cinquante mille hommes opéraient contre les bataillons décimés, exténués qui luttaient encore.

Delescluze avait pris une résolution suprême. Le délégué à la guerre de la Commune ne voulait pas, ne devait pas survivre à la défaite.

A six heures, on vint lui apprendre que la barricade du Château-d’Eau, en avant du boulevard Voltaire, était menacée.

La caserne du Château-d’Eau, la rue du Temple, le théâtre Dejazet, le cirque Napoléon étaient au pouvoir des troupes de M. de Mac-Mahon.

Derrière la barricade, les fédérés n’étaient plus abrités. Une pluie de balles et de mitraille les inondait. Réfugiés dans les maisons à droite et à gauche, ils résistaient encore aux efforts impuissants de leurs adversaires. Fauchés par la mort, ils étaient bientôt remplacés par de nouveaux combattants.

Sur ce point, il fallait arrêter l’ennemi et lui faire payer cher un triomphe qu’il avait cru facile. Il avait compté sans l’indomptable énergie des débris de la Commune.

L’armée de l’ordre, les troupes abusées par le gouvernement de Versailles devaient contempler, hélas ! sans le comprendre, ce grand spectacle d’une population qui succombe pour la défense de ses droits, et dont l’agonie terrible dispute six jours durant une défaite inévitable.

Delescluze, debout sur les marches de la mairie, demanda cent hommes de bonne volonté. Il y avait