Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/90

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que l’infortuné que j’avais vu exécuter avait appartenu, sous le siège, à une ambulance ; pendant la Commune il s’était caché ; mais, dans sa perquisition, le caporal avait trouvé un brassard de la Convention de Genève : ce fut l’arrêt de mort de mon voisin.

Quelques instants après, j’entendis le pas lourd des soldats ; ils remontaient en riant pour achever leur infâme besogne.

Je me jetai sur le lit, où je feignis de dormir. Arrivés devant ma porte, un peu entr’ouverte, l’un des soldats dit au caporal qui allait entrer : « C’est la chambre de l’autre ! » J’étais sauvé, pour cette fois, grâce à cette heureuse confusion.

Vingt heures plus tard, le propriétaire de l’hôtel vint me prévenir que je ferais sagement de quitter sa maison. Sans me connaître, il avait facilement deviné que je me cachais, et, très obligeamment, il m’avertissait que je n’étais plus en sûreté chez lui.



Toute la journée se passa pour moi à la recherche d’un asile, que je ne pus me procurer. Les personnes chez lesquelles j’avais espérer trouver une retraite étaient absentes.

Après avoir marché quinze heures à travers Paris,