Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/92

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sieurs fois de leur fusil. À la fin, je fus signalé, et je vis au loin des soldats armés qui se dirigeaient en toute hâte de mon côté.

Fort heureusement, j’étais à peu de distance du chemin de fer de ceinture ; je descendis ou plutôt je roulai sur la voie, encaissée à une grande profondeur en cet endroit. À quelques mètres du lieu de ma chute, je pus me blottir sous un pont de pierre, et j’eus la satisfaction d’échapper aux recherches des soldats.

Ce côté de Paris m’était peu connu, aussi je marchai plus d’une heure avant de rejoindre la route d’Orléans.

A deux heures du matin, j’avais réussi à atteindre le faubourg St-Germain. Dans ce quartier, j’avais quelque chance de pouvoir circuler sans grand danger, les papiers dont j’étais porteur indiquant mon domicile, rue du Bac. Je me dirigeai alors vers les Halles, où il me serait facile d’attendre le jour en me mêlant au monde de marchands qui les envahit de très bonne heure.

Au moment où je franchissais la rue de Grenelle, un garde national au brassard tricolore, policier-amateur plein de zèle, me demanda ce que je faisais à cette heure dans la rue. Deux autres braves amis de l’ordre le rejoignirent, et je dus me rendre avec eux au poste de la rue de Beaune.

Malgré la parfaite régularité des papiers dont j’étais porteur, le sergent qui commandait le poste me déclara, avec force excuses, qu’il était obligé de