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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

gleuz. Nous avons fait le chemin avec Mme  et Mlle  D. Nous avons passé presque toute notre après-midi chez Mme  de la P. En revenant, nous avons rencontré M. A. et V. Mlle  D. ne les aime pas, elle les trouve trop poseuses, du reste, je ne les aime pas davantage.

Je quitte mon journal pour aller à mes plants. Ma foi, voilà Henriette qui monte faire le sien, alors je continue. Qu’est-ce que je pourrais bien dire ? Ah… probablement, j’irai au cours Salvagnac ; je le voudrais bien ; au moins là, je ferai du travail sérieux.

Lundi 4 juillet.

Aujourd’hui, je vais dire tout ce que j’ai envie de savoir : 1° Avoir pas mal d’instruction. 2° Être extrêmement forte en piano. 3° Savoir l’anglais. 4° Savoir un peu de dessin. 5° Etre très forte en ouvrage manuel et 6° savoir suffisamment de cuisine ; j’aurais bien de la peine à savoir tout ça, j’ai si peu de temps ! Aussi je ne perdrai pas un instant, et sitôt après mon journal j’irai étudier mon piano.

Maman a trouvé mon journal d’hier trop court ; il faut donc que je fasse celui-ci plus long, mais je ne sais que dire, ma foi, aussi je m’arrête.

Mardi 5 juillet.

Hier, j’ai lu dans l’Enéide, un passage de Pêcheur d’Islande. J’ai trouvé cela très joli[1]. Justement, en regardant l’Illustration anglaise, j’ai vu une image qui représentait de pauvres gens chassés de leur chaumière parce qu’ils ne pouvaient pas la payer, et je me suis dit qu’il fallait que je fasse une histoire là-dessus — (puisque j’ai la manie d’en faire) — au lieu de faire toujours des aventures belliqueuses ; alors, après mon journal, je ferai le plan de mon histoire ; je la soi-

  1. Le texte manuscrit porte, sans aucune ponctuation, la phrase suivante : Hier j’ai lu dans l’Enéide un passage de pêcheurs d’Islande j’ai trouvé cela très joli.