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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

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peu près, cela marchait très bien ; je me penchais pour voir s’il arrivait du monde, et quand j’apercevais des processions d’om- brelles, nous sautions de plaisir, mais. voilà qu’à la fin, je veux jouir de l’effet d’un magnifique arrosage, j’entr’ouvre les. persiennes, nous étions découvertes ! De l’ombrelle de sa femme, cela avait coulé sur le manteau du monsieur de mau- vaise humeur qui a demandé qui demeurait là, etc., etc. Nous n’en avons pas moins continué, lorsque maman rentre, devine : tout, et nous prie de cesser, Elle ne nous a qu’un peu grondées, mais mon oncle Albert ! Nous nous étions conduites comme des collégiens en vacances et j’ai remarqué qu’il était bien. heureux que sa fille n’ait arrosé personne. On a beau dire, je n’ai jamais regretté cette bonne demi-journée et Fernande non plus, je crois. —

J’ai oublié de raconter le lendemain de la xre Communion d’Henriette ; je n’étais pas allée à la messe d’actions de grâces, parce que maman ne voulait pas que je me lève si tôt. Mais j’ai passé la journée à Ste Clotilde ; maman avait pris son ouvrage, comme il pleuvait il n’y avait personne ; Henriette était encore en blanc, on nous avait apporté à goûter au parloir, C’est alors que Madeleine nous a dit qu’elle n’allait pas boire pour faire un sacrifice et elle l’a fait. Après, je suis. allée au mois de Marie avec les élèves, puis dans un petit ora- toire très aristocratique où j’ai passé un très bon moment. La mère Marie-Joséphine faisait des recommandations aux premières communiantes ; à la fin elle leur a fait dire trois Ave Maria pour moi et je les ai toutes embrassées. Ce qui m’amu- sait, c’est que nous étions assises sur quatre bancs formant un cercle et que les bancs des religieuses de Port-Royal étaient comme cela. Après, un quart d’heure de visite au St Sacre- ment et puis rentrées. J’aime beaucoup les visites au St Sa- crement ; je trouve qu’elles vous intimisent avec Dieu.

Le dimanche suivant, nous avons emmené mes Sœurs déjeu- ner et passer la journée chez les Joly : j’aime beaucoup leur habitation. Henriette et moi, avons beaucoup ri dans les rues de Toulon, prétendant que nous avions des nez trop aristo-