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ANNÉE 1889

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chures, nous avions chacun la nôtre ; Tonton Alb. connaît beaucoup de contes et nous en parlions souvent, entre autres, d’Olivier Brusson, d’Hoffmann et de la Petite sirène d’Ander- sen. On jouait aussi aux questions de choses et on se disputait souvent à propos des commentaires. Un jour que les Tantes s’étaient montrées très mal pour tante Blanche, tonton Alb. avait tout raconté à nos parents et étant indignés, un soir nous nous amusions à écrire des complaintes sur elles, sur l’air du Cantonnier, lorsque nous entendons frapper à la porte, c’était les d’Auriac, nous avons bien vite fait disparaître nos œuvres ; depuis, elles ont été brûlées, cela n’empêche pas que je me souviens bien de la mienne mais c’est trop méchant pour que je l’écrive ici.

Souvent aussi, la soirée plus avancée, nous nous promenions sur la route jusqu’à **#*, Au jardin, nous jouions d’abord à « l’hôtel de la Jungfrau » — naturellement avec un bureau et nous avions un trousseau de clefs ; après cela, nous avons fait un bateau du jardin et à l’aide de l’échelle, nous montions sur le mur qui séparait la troisième terrasse de chez Mme Pi- card ; nous appelions ce mur les hunes, — par parenthèse on en avait une vue superbe. J’étais l’officier de corvée et toutes les fois qu’une de ces dames montait, je me tenais à la coupée, je me rappelle que Madeleine nous avait fait rire en entremé- lant en me parlant : marraine et lieutenant. Pour traverser la petite cour que nous appelions la mer, d’une grande caisse nous avions fait un canot.

Nous étions devenus très forts au croquet et je me rappelle que nous avions bien ri des’ « mazettes » qui y jouaient à la Maison Blanche. Nous aimions beaucoup aller chez Mme Pi- card ; un jour que Fernande et moi nous promenions en quête de fruits tombés, nous trouvons une magnifique pomme par terre. Malheureusement, son pendant était encore à l’ar- bre. Fernande ne s’est pas découragée et un hasard a voulu qu’au moment où elle passait devant le pommier le fruit se détachât. Ce que nous avons ri en mangeant ces pommes ne peut pas se dire. Je me demande comment nous ne nous som-