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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

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mes pas étranglées, et de plus, il était indispensable que les petits ne nous voient pas.

Dans ce même jardin de Mme Picard, il y avait une immense tonnelle qui n’était pas du tout ronde, au coin opposé à la mai- son. L’entrée en était très basse elle ne se souleyait — (la tonnelle) que tout au fond. De plus, un arbre se trouvait juste à l’endroit très bas ce qui faisait penser à une arcade, Au fond elle avait deux fenêtres donnant sur la mer. Nous appelions cet endroit le cloître ; on n’y venait presque jamais, et très tard le soir, Henriette et moi nous nous y rendions et nous nous asseyions chacune sur une fenêtre pour parler de choses pieuses ; je me souviens cependant y avoir eu une conversa- tion très profane avec Fernande,

(Ici, une grande interruption dans le Journal. La maladie d’yeux dont souffrait Marie Lenéru a empiré. Elle est restée des mois sans pouvoir lire ni écrire. En décembre, elle peut enfin essayer, mais la vue est restée très mauvaise. L’écriture a changé et les letires ont plus d’un demi-centimètre de hauteur.)

11 décembre.

La fin couronne tout, et ce qui d’abord avait semblé mau- vais paraîtra un jour bon.

Neige et verglas, hier Marguerite a vu un prêtre tomber à genoux.

J’ai pu écrire, merci mon Dieu.

24 décembre. (sans me douter que c’était la veille de Noël)

Mauvais témps, je ne sors pas ; trop joué aux bonnes femmes ; abrutie, alors j’écris. Madeleine a dit aux petites Julien que dans sa famille on trouvait qu’elle avait une intelligence très élevée. Dans le moment, elle égale certains habitants de basse- cour. Grondée, partie au Sacré-Cœur l’oreille basse.