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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

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bien plus quand on nous eut menées devant le berceau de Louis. Le lendemain matin, nous allions avec maman comman- der les boîtes de baptême, les faire-part, etc., et maman nous avait donné à chacune une boîte de chocolat. C’était René Talpomba qui avait été le parrain par procuration. Et en deux ans, comme voilà bien des choses d’arrivées ! et dans deux ans encore, quels changements y aura-t-il eu dans notre vie ? Comme il y aurait matière à être effrayé si on ne savait pas que c’est Dieu qui dirige tout cela.,

Cher bon Dieu, notre vie est à vous avant d’être à nous. Elle l’est par la force des choses. Je vous prie bien pour qu’elle le soit par notre volonté et par notre amour pour vous.

10 janvier. Rien à dire.

12 janvier.

L’année dernière, à cette époque, je crois que j’étais encore à Nice. Quel pays ! Chacun de ces jours-ci, je me suis rappelé mes étapes de l’année précédente ; Marseille d’abord, la Canne- bière, l’hôtel de ville et ses magnifiques salles à parquet horriblement ciré, la cathédrale en construction, la colline de N.-D. de la Garde d’où j’avais vu ces admirables couleurs de ciel et de mer ; je n’en avais jamais vu d’aussi belles, c’était féerique ; puis la route de la Corniche et les superbes villas, au bord de la mer. Hyères ensuite, arrivée le rer janvier ; l’hôtel tout en fête, guirlandes, arbres de Noël ; À merry Chrisimas, des oranges dans le jardin ! En face, colline violet foncé, et le premier grand palmier que je vis, la salle à manger, les An- glaises à table, le château en serviettes, la pièce montée qu’on n’a naturellement pas mangée, le défilé en sortant de table, le grand salon, les Anglaises et la musique, les vieilles dames avec leurs bonnets, la petite demoiselle brune, qui avait donné à maman le titre d’un morceau de musique en copiant même