Page:Journal (Lenéru, 1945).pdf/18

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
18
JOURNAL DE MARIE LENÉRU

cours, maman a voulu que j’apprenne plus longtemps mes leçons, de sorte que je n’ai pas eu assez de temps.

86 avance beaucoup, bientôt il va faire place à 87 ; espérons que j’honorerai cette nouvelle année pas par un, mais par plusieurs progrès. Du reste, il commence à être temps que je me débarrasse de cet assommant défaut de mentir, mais je crois que maintenant je l’ai moins — (pourvu que ça dure, mon Dieu!) — et, puis je ne suis pas toujours gentille avec Femande parce que je m’imagine qu’elle ne l’est pas avec Henriette; jamais je ne peux arriver à appliquer le proverbe qui dit : « Rendez le bien pour le mal. » C’est vraiment bien difficile d’être bonne! Enfin, je ne veux pas désespérer. Je dis bien toutes ces choses maintenant, mais quand il s’agira de les faire ce sera différent.

Hier, nous avons feuilleté un catalogue d’étrennes, Je crois que je vais faire venir pour ma chambre une garniture de toilette en cristal deBaccarat; elle coûte 12 fr. 50 et est ravissante.

Nous espérons a nous tous avec les Sprecher de pouvoir jouer quelques scènes d’Iphigénie. En attendant, je vais lire Robinson suisse, car j’ai la main fatiguée.

Lundi 13 décembre.

Quelle chance ! Quel bonheur ! Je suis presque guérie ! Bientôt je vais pouvoir faire mon journal à l’encre et de 1a main droite.

Je n’achèterai pas la toilette, car maman dit que si je trouve quelque chose de bien à Paris, il vaudra mieux l’acheter. Que ce journal m’assomme ! Il me scie, mais absolument.

Aujourd’hui, je me suis promenée avec Henriette, Madeleine, tante et maman ; nous avons regardé les magasins. Hier, nous sommes allées chez M. Barrau où je me suis bien amusée ; nous avons joué des charades.

Au moral, je crois n’avoir pas été trop mauvaise, car je n’ai pas fait de mensonges.