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180 JOURNAL DE MARIE LENÉRU

être aussi varié. Je ne suis plus si sûre de tant préférer les montagnes.

Mardi 22 août.

Lu Sur l’eau, de Maupassant ; Thèbes, de Chevrillon. Je n’aime rien comme les choses, et c’est extraordinaire ce qu’un livre peut sur moi.

Je lisais dans un creux sur ce qui restait de plage, car nous sommes dans les grandes marées et la mer ne s’arrête plus. Dans ma profonde petite crique, entre les parois ocreuses de la dune, je ne voyais plus que de l’eau verte et bleue, s’affai- rant toute proche, vivante, horriblement pressée, je sentais l’ébranlement de ses mouvements lourds ; j’avais un escalier derrière moi.

Toute cette forte agitation silencieuse, dépouillée de l’illu- sion humaine du bruit, contient encore plus de mystère et d’absurdité. L’eau a tellement l’air de travailler ! A mesure qu’approche l’heure de la plus grande marée, on dirait qu’elle se hâte pour arriver à temps. Elle ne descend pas avec la même vivacité.

Tous les soirs Le reflet d’or de la lune sur la mer encore très bleue est quelque chose de large, d’intense, de régnant.

Lettre de X… Arguments religieux toujours les mêmes. Le chrétien est un réceptif plus ou moins intelligent, mais qui n’arrive même pas à imaginer fût-ce le doute provisoire.

COR de où de Sabu D DS EME SAS NUE

Dimanche 27.

Réminiscences de musique à en perdre la tête. Cette rap- sodie hongroise de Liszt dont je ne peux retrouver que les premières mesures ! Il y a des soirs où je ne peux plus m’endor- mir. Dans le plus grand calme, c’est un sursaut qui me réveille