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ANNÉE 1899

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comme si ma chambre était remplie de lumière. Je ne sais pas comment je ne me trouve pas les deux pieds par terre, ou comme Mme B… de B… quand la foudre est tombée, à genoux sur mon oreiller. Alors, naturellement, un déchaînement de prière, mais sans illusion, comme on se plaint dans la fièvre même quand on est seul.

Ii me faudrait au moins les yeux tout entiers. Je n’ai pas assez d’horizon pour respirer. Je vois mieux que bien des myopes, mais il me faut une ombre mortelle. Sur la plage, ilme prend des frénésies d’arracher mes lunettes et mon chapeau, d’’abattre mon ombrellel Je ne sens pas si je vois les choses ou si je m’en souviens.

Et c’est à moi que cette horreur est arrivée, à moi qui ne comprends la vie que dans une photosphère de lumière vi- brante..

Ma formule de bonheur est ceci : l’Italie, la musique, le che- val et l’amour. Encore envers le dernier point j’hésite et si je le fais entrer dans mon programme, c’est en vertu de l’axiome : dans le doute ne pas s’abstenir. Mais certainement, je le main- tiens à la quatrième place. Il me semble des deux sortes d’amour légitime et illégitime « que les honnêtes gens m’en- nuient et que les autres me déplaisent ». Et c’est pourquoi je considère que le mariage d’argent relève d’une esthétique d’un ordre plus élevé que le mariage d’amour.

Je reconnais toutefois que dans ce grand besoin, le seul que j’éprouve, de mener une vie très supérieure, il y a bien la volonté très consciente et très avouée, d’avoir auprès des cœurs ce grand prestige de l’admiration.

Le seul besoin que j’éprouvel

Je suis désintéressé, disait Fiévée, comme ceux qui veulent tout prendre à la fois.

Ne pouvant aimer ce que je n’admire d’aucun côté, je ne compte qu’avec les amitiés qui recherchent en moi cela seul que j’estime ou estimerais en autrui. Il n’y a ni amitié ni amour sans admiration réciproque. C’est pourquoi l’amitié