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même pour une féerie. Une pièce est une pièce même à la lec- ture, et le bon théâtre reste du bon théâtre même quand je le lis, exemple : Bataille de Dames. Mais si je me plains de Mau- rice Donnay, si je n’y trouve pas une scène où l’on puisse s’accrocher, si cette poussière de répliques inutiles m’éreinte, ne me répondez pas : « C’est un homme de théâtre. »

Pourquoi, en effet ? Un dialogue misérable, je le lis en cinq minutes, il en faut vingt pour en finir à la scèue.

L’évidence est que le mauvais à la lecture, devient le détes- table au théâtre, par la raison très simple qu’il vaut mieux murmurer une bêtise que la vociférer. — Des pièces, qu’on ne peut pas lire, réussissent au théâtre. Mais des romans illisibles réussissent aussi. Pourquoi ne vous écriez-vous pas : C’est mauvais, mais c’est du roman ! Je réclame mon droit de con- server du goût au théâtre. Tant pis pour le public de la scène- feuilleton, de la scène mauvais-roman. Tant pis pour ceux qui ne savent pas lire avec leurs oreilles. Thomas Corneille n’était pas plus « homme de théâtre » que Racine, bien que son Timo- crate ait été le plus beau succès du siècle.

16 janvier.

Marie Bonnet a déjeuné en face de moi. Maman était cou- chée. (20) geste 6 jet de ni de à feet Ge a jee Hs ge

21 janvier.

Faire ce que je fais sans joie, sans élan, sans désirs, sans pré- sence d’esprit, oui en pensant à autre chose. Si j’étais un peu plus bête, j’aurais des emballements, mon sujet m’empoigne- rait, Je ne connaîtrai jamais ces bonheurs-là. Quand je ne suis plus à ma table, pour rien au monde on ne me ferait penser au travail en cours. C’est une fuite instinctive et presque enfan-