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288 JOURNAL DE MARIE LENÉRU

29 ? nars.

Je ne veux plus donner mon avis sur l’intelligence des gens, pour ne pas profaner ce que j’entends par là. J’entends par intelligence et plus instinctivement que par criticisme voulu : un individu capable de tout et d’abord de n’être jamais bête.

Capable de tout, cela ne veut pas dire les accomplissements variés d’un Italien de la Renaissance, pas plus que bonapar- tiser dans son siècle, mais : capable d’exister sur tous les points et d’en témoigner par une impeccable originalité de contrôle.

La beauté… Nous en parlions hier avec Andrée à propos de cette jeune fille remarquée par moi à la Nationale. Des traits de médaille, mais dans une fraîcheur, une plénitude de chair éblouissantes. Assise et, de loin, l’âme des yeux non aperçue, elle était impériale, Bougeant et marchant, comme toujours le cygne retournait à l’oie, il n’y avait plus qu’un trottin avec, à chaque pas, l’ébranlement de tête de l’omnibus. Et toujours quand elles ne sont que belles, il y a une tare qui les anéantit, Oh ! le spirituel est bien vengé.

On rencontre aussi de très beaux jeunes gens, et l’on a la certitude qu’en toute circonstance on le prendrait de haut avec eux, parce qu’ils n’ont pas l’étincelle, ce reflet du dedans sur la beauté qui, seul, en fait quelque chose. Ces femmes si belles sont celles que lâchent leurs maris pour les plus dégoûtantes maîtresses.

Ceci veut dire qu’il y a des beautés, la plupart des beautés, sans valeur pour passionner et qu’il faut chercher ailleurs les sortilèges, à

Jeudi saint.

Bossuet à la sœur C… : Instructions pour la semaine sainte, le psaume LXX XVIII « libre entre les morts ».