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ANNÉE 1903

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terrible. Desiderio, pour Rome, c’était ensemble désir ou re- gret, une même chose. Je désire, aujourd’hui, c’est je veux,

29 août,

« Que le jeu n’en vaut pas la chandelle » et que leur bonheur leur coûte cher. Tant pis pour les bourgeois qui marchandent et ne savent pas surapprécier leurs plaisirs. Il faut être grand seigneur et payer ses désirs au-dessus du prix des autres. Je sens que le bonheur, chez moi, vaudrait l’enchère que j’y ai

mise. 3 septembre.

Chez tout le monde le silence est une apathie. Il est devenu pour moi, comme l’oisiveté, une ferveur. Je ne suis jamais plus inabordable que lorsque je ne fais rien, et l’on me dérange moins en interrompant mes lectures et mes écritures. Hier j’avais envie de crier : mais si vous continuez à me distraire, il est bien inutile que je ne fasse rien !

D’ailleurs, nous ne devrions jamais nous montrer au repos, c’est trop d’intimité. Dès qu’on n’a plus affaire aux autres, se reprendre. Une présence, inutilement prolongée, est un affaissement. Même en famille, même en amour ; savoir dispa- raître, pour garder la belle tension vitale des rapports.

5 septembre.

Que de degrés dans la tristessel Il y a des jours où l’on voudrait non pas pleurer, il n’y a pas d’attendrissement, mais crier toute la journée, de quart d’heure en quart d’heure, comme Les fous, pour se débarrasser d’une chose intérieure et pesante. |

J’étais un si bel instrument à rire, une si parfaite machine