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296 JOURNAL DE MARIE LENÉRU

à gaieté, que n’en plus produire me détraque, me désorganise plus qu’une autre. Je n’oublierai jamais toute la gaieté que je n’ai pas euel

Esse, Etre,

1903. Le Trez-Hir, sept.

Impossible de refaire “écrivain. Je ne m’accroche à rien. Ce qui peut convenir à moi et aux autres, je ne le trouve plus. D’ailleurs pas davantage ce qui conviendrait à moi seule,

Et je souhaite plus que jamais « traire les gens ». Il est in- croyable comme les millions deviennent nécessaires à ma vie intérieure. :

Je n’ai de goût au fond que pour la vie et la mort. Écrire des vies : Saint-Just, Talleyrand, Vauvenargues, sainte Thé- rèse.

Qu’elle mène « une vie tranquille, du loisir et pas de dis- tractions ». Elle appelle Ça « des journées paisibles » !

Toujours la bonté et l’intelligence. Il disait : « ceux qui sont bons se laissent toujours manger ». Moi, très péremptoire : « ce n’est pas parce qu’ils sont bons, mais parce qu’ils sont mangeables » l s

âme, ainsi que l’entendait Malherbe « il n’y a de bon que la matinée ». La mer et les nuages sont glacés de blanc, d’un blanc de pôle ; c’est une fraîcheur de neïge, un bleu de glacier. Il n’y à de bon que l’automne.

De la tête de mort qu’A.-D. de V… disait pouvoir regarder, mais ne pas toucher. Moi, toucher, manier, embrasser, tout

1. Feuille de garde du 4° cahier,