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ANNÉE 1904

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Julien m’envoie ses Papes :

Alla mente illuminata, impavide, imparziale, all’alterezza, all orgoglio di una donna, queste pagine veriliere umilmente dedico. MCMIV

8 avril,

Guizot disait à la princesse Lieven qui ne lisait jamais : « Il faut que toujours vous ayez une personne vivante devant vous. » Je la trouvais dans le vrai et disais que les livres sont des faux. — M. B. : Oh ! il y a des personnes qui sont de bien mauvais livres.

Encore Guizot à la princesse : « Je n’ai pas de désirs médio- cres. Je n’accueille que les hautes espérances. Je sais me passer de ce qui me manque, maïs non pas me contenter au-dessous de mon ambition. Et, dans notre relation de vous à moi, mon ambition a été infiniment plus grande que dans tous les au- tres intérêts où peut se répandre ma vie. »

Brest, jeudi 28 juillet.

Aucune ville ne ressemble à Brest, aucun des autres ports. Nulle part on n’a fait des rues si étroites et des maisons si hautes. De claires maisons plates et grises qui n’ont même pas la douceur d’être sombres. Elles surplombent, dures et pâles comme des parois de gorges ; un courant d’air éternel ajoute au malaise des choses étroites et sans proportions.

La Penfeld encaissée, encombrée du matériel de sa marine, les constructions du port en échasses sur le roc, tout est res- serré, tout est boyau, chenal, défilé. Et sa prise de large, la

JOURNAL DE MARIE LENÉRU 20