Page:Journal (Lenéru, 1945).pdf/329

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
323
ANNÉE 1907

|. sd ANNÉE 1907 323

maison. La maison pour moi, c’est Brest. Ailleurs je suis une passante, une voyageuse. J’ai besoin de simuler au moins le provisoire, de ne pas accepter.

Et puis la vie-à l’hôtel, ne fût-ce que par $a distraction, oui, la distraction que procurent même les gens qui vous ennuient, me sera excellente.

Il faut absolument recevoir des impressions de l’extérieur, chez moi elles manquent trop, et le bonheur me fait moins défaut que la distraction. Ceci bien entendu, je trouve qu’on a le droit de dire qu’on a besoin d’être entouré et que « le désir de la solitude vaut mieux que la solitude ».

7 Mai.

J’affirmais à Andrée que, mes constatations faites, la tris- tesse était un genre d’imbécillité. Oui, c’est la tristesse, au fond, qui a raison, Mais ce ne sont pas les gens tristes qui ont inventé la tristesse, ils ne sont pas ceux qui la connaissent le mieux. Tout ce qu’on porte sur le visage est vain, « Avoir l’air triste » n’est pas une nécessité de la tristesse : c’est se souvenit de la galerie. La vraie tristesse n’a pas d’expression.

Que d’autres cherchent l’air des bois, de la montagne, Et la brise des Océans.

Je m’enfonce dans l’ombre où nul ne m’accompagne. Je respire chez les géants.

Vous êtes mes vaisseaux, mes rives, mes grands arbres, Mon soleil, mon ardent matin. Qu’ai-je besoin d’amis, j’ai les hommes de marbre Qui se penchent sur mon destin. (Les Eblouissements.)

À surveiller, elle a un talent à mon échelle.

3 juin.

À Renée. Je n’aime que les êtres parfaits et n’en veux pas voir d’autres, et c’est encore chez les célébrités qu’on a le plus