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J9< JLVLUARNAL VIE MAMIE LENERU

que vous ne sentez pas que dans une scène pareille, comme sur le champ de bataille, c’est l’être le plus instinctif, le plus passif qui est en cause.

J’ai donné des formules éloquentes, des formules claires à-des réflexes, à des élans profonds de l’instinct, en ai-je trahi la passion ? Dans une crise passionnelle, qui est forcé- ment un débat moral, me direz-vous, s’il vous plaît : « Ici vous quittez le langage de la passion et vous entrez dans celui des : idées » ?

Mes héros ne se disent pas une fois « Je vous aime », J’avoue que ceci m’avait paru une élégance, une plus exigeante ma- nière d’en appeler au public : « Cette certitude, au réveil, de vous avoir sous mon toit… je ne pourrais plus m’en passer, — Hé. très simplement : Ni moi. »

Voilà leur déclaration ; évidemment je n’ai pas fait de la passion. Bien au contraire, mon héroïne raisonne : « Est-ce ma faute si vous êtes plus grand, plus noble, plus émouvant qu’eux tous. La honte eût été de ne pas Comprendre, la lâcheté de ne pas vous préférer de toutes ses forces. » Que voulez-vous, « je vous aime Comme je ne savais pas qu’on puisse aimer » serait autrement passionné !

Si vous ne trouvez pas de passion dans {es Affranchis, je vous demande de quel droit vous en trouvez dans Phédre et dans Bérénice ?

Voici le préambule d’Antoine à son programme : « Monsieur,

« Après le retentissement littéraire des matinées du samedi, la saison dernière, la direction de l’Odéon poursuivant l’exé- cution d’un programme raisonné, organise une série de mati- nées qui seront cette année exclusivement consacrées à la pro- duction d’auteurs nouveaux et d’ouvrages inédits.

« Le programme que vous lirez, d’autre part, est le résultat d’une minutieuse sélection parmi les centaines de manuscrits