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ANNÉE 1912

ANNÉE 1912 17 M@YS IOI2.

« Vous vous approchez de plus en plus du comique

amer et sérieux de Molière. Voilà une nouvelle Précieuse

Ridicule avec Armande, la sensible Armande, à la place de

Philaminte. Rarement a-t-on vu une critique plus cinglante

de cette hypertrophie du Moi qui dévore les milieux litté- raires ».

Quelle stupeur ! Ces critiques, on ne sait jamais les surprises qu’ils vous ménagent. Il y a toutes les littératures du monde entre eux et vous. Et puis, quand on a été une adorable vio- lette littéraire, peut-être qu’on n’aime pas beaucoup les roses et les pivoines. Et surtout je crois qu’il faut avoir été catho- lique pour admettre l’héroïsme de certains élancements, l’as- cétisme de toute ambition extrême. Ma chère grande amie aime désespérément la modestie, aussi est-elle paresseuse. À treize ans elle ne se croyait pas sur la terre pour imiter sainte Thérèse et saint Augustin, mais pour admirer Euripide et le lire dans le texte. C’est sa modestie qui est littéraire et qui est « précieuse ». Il n’y a qu’en religion que l’admiration oblige et qu’elle soit un egredere. La culture du moi est religieuse, ma « Triomphatrice » n’est pas une Précieuse, elle est une carmélite.

Lanson a dit à ma tante : « Elle ne comprend pas la critique et ce sera sa force. » Lui ai-je dit qu’il n’avait pas compris ma pièce ? ou vais-je prétendre maintenant qu’il n’a pas compris

( que Mme Duclaux m’écrit de /a Triomphatrice :