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nomistes, ferait plus pour les femmes, et pour la paix, que tous ces becs ouverts de revendicatrices. Ce que vous ne pouvez faire, 6 femmes, avec une majorité de femmes, faites-le en tant qu’être agissant, en oubliant un moment votre sexe, avec une majorité masculine. Et je crois que le vote viendrait bien plus vite de cette manière-là.

A Mme Duclaux. — Rom. Rolland absurde, une homélie banale, tous les lieux communs, n’aperçoit pas que le plus tra- gique de cette guerre est que, précisément, ce n’est pas une folie collective, pas même en Allemagne. Où est la folie chez tous ces pauvres gens héroïques qui donnent leur vie par de- voir ? Vieille tare de l’antimilitarisme. Ce n’est pas plus dans les peuples que dans l’armée que nous devons combattre la” guerre, c’est chez tous les non-combattants : écrivains, diplo- mates, gouvernants, financiers,

C’est vrai, il y a d’effroyables deuils en France. Mais devant tout ce qui vous est pris, savez-vous ce que je pense, Ô mes frères et mes sœurs ? Ceci : ah ! qu’il y avait donc de bonheur à perdre en ce mondel — Nul plus que moi n’en est impressionné, n’en ressent avec plus de révolte le crime et le sacrilège, 6 frêle et précieux bonheur humain, bonheur dispensé aux foules, bonheur que je n’aurai pas eu.

A Mme Duclaux. — Le ton et le talent étaient bien d’un homme — brochure d’Alain — j’avais cru à une femme pour la manière de sentir. Mais je ne devrais plus n’y tromper, les femmes sentent bien plus lourdement que les hommes et seu- lement après qu’on leur a appris. C’est toujours la répétition pendant vingt ans. Sans les hommes, le pacifisme n’existerait pas. Si vous saviez les anathèmes qui me sont arrivés de mon pays après lecture du Book of France et de la part de femmes que je croyais intelligentes. Il n’y a rien à faire avec les fem- mes dont les hommes ne sont pas pacifistes. On ne les attein- dra que par ricochet. Les hommes qu’on instruit, ne fût-ce que