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ANNÉE 1888



Ah ! mon cher journal, je suis bien contente, je vais communier demain !

Lundi 9 janvier.

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Mercredi 11 janvier.

Que je suis inconstante ! ce pauvre journal ! Voici deux fois que je n’ai fait que l’esquisser, et je crains bien que mon moral ne s’en ressente, D’abord, une chose qui manque me faire pleurer, c’est que je crois que je viens de me découvrir un nouveau défaut ; mais un grand, grand défaut, et si je ne tâche pas de m’en corriger, immédiatement, il deviendra un horrible vice : il me semble que je suis orgueilleuse. Je n’en suis pas bien sûre, mais chaque fois qu’on se moque un peu de moi, ça me blesse et je me sens prête à pleurer. Et puis, puisqu’il faut tout dire, il y a encore une chose qui me navre : je fais des mensonges — (bien légers, il est vrai) — mais avec une telle désinvolture que je crains bien d’en prendre l’habitude, ce qui est terrible ! Que faire pour me corriger de tous ces défauts et devenir meilleure ? Je crois qu’il faudrait que je me confesse souvent et qu’on me fasse beaucoup d’observations ; il me faudra un grand courage pour demander qu’on me fasse voir mes travers, mais je suis sûre qu’après cela, le bon Dieu m’aimera bien plus. Et puis, je voudrais aussi communier tous les mois