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ANNÉE 1888

Après, je suis allée au cours d’anglais ; en y allant, j’ai ren- contré Mile Roy qui m’a dit qu’Amélie Goëz lui avait dit que Tante était très mal et qu’elle a été tellement bouleversée qu’elle est allée à l’église mettre un cierge. Nous n’avons pas perdu de jetons et cependant maman ne nous a pas fait faire d’anglais. Mais je ne veux pas être orgueilleuse. Ensuite, nous sommes allés sur le Cours, maman, tante Blanche et tonton Albert ; Henriette et moi avons un peu couru. En rentrant, nous avons rencontré M. Pindue qui s’est arrêté un moment avec nous. J’aime beaucoup la manière dont il dit « mes enfants ».

Une fois rentrée, j’ai été à la cave, ce qui est ma bête noire, et je me suis aperçue que nous avons fini les bouteilles, peut- être trop vite. Je compte y veiller. Après, j’ai fait mon journal. Maintenant, je vais retrouver Fernande et Henriette, mais les voilà.

Samedi 28 avril.

Ah ! quel bonheur, mon Dieu ! Tante est bien mieux ; oh ! que nous en sommes tous contents et j’espère bien que main- tenant cela va continuer ; tout le monde en était joyeux et on a été très gais pendant le dîner. Tonton Lionel nous a parlé de l’Armée du Salut. Mon Dieu, que c’est donc mauvais ! Quel tort ces petits esprits étroits et intolérants font à la reli- gion ! On a demandé à tonton Lionel s’il croyait à l’immorta- lité de son âme, ce à quoiila répondu : « Je crois bien que j’y crois, puisque c’est mon métier de l’enseigner ! » Après le dîner, Fernande et moi, nous avons demandé à monter pour causer -un peu. Nous avons lu dans le livre de Mme de Flavigny quel- que chose sur les indulgences, mais nous avons surtout parlé des saints que nous préférions. Fernande préfère Ste Agnès, depuis qu’elle a lu Fabiola — quel dommage que maman ne veuille pas me le laisser lire — et moi, Ste Cécile, Ste Thérèse et St Bernard. Fernande aime beaucoup aussi St Pancrace. Enfin, il était l’heure de nous coucher ; Fernande m’a coiffée, pas trop bien, mais enfin, ça pouvait rester. Nous avions dit