Page:Journal (Lenéru, 1945).pdf/87

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
85
ANNÉE 1888

ANNÉE 1888 8s

Tolstoï, la Morale — de Socrate, La Matière brute et La Matière vivante — de Delbœuf, dont un des chapitres a pour titre « de l’origine de la vie et de la mort », Discours et C onférences — de Renan, L’Evolution des mondes et des Sociétés, etc., etc.

Maintenant que j’ai à peu près rempli tous les retards de mon journal, je vais dire un peu comment nous sommes ins- tallés ici, pour le moment, parce que quand les Dauriac seront partis, nous serons arrangés différemment. D’abord, voici la position de notre maison ; elle est sur la route, un peu plus loin que la Grande Rivière même ; elle est séparée de la propriété Arno par celle des Michel. Le jardin est tout petit et divisé en trois terrasses ; il est derrière la maison, et il faut monter un escalier pour y aller. La terrasse du bas est transformée en salle de jeux ; toutes les plates-bandes sont enlevées et l’on pouira y mettre un croquet ; Mme Picard ayant la complai- sance de nous en prêter un en attendant que maman en achète l’année prochaine, car cette année, la saison est trop avancée. Au bout de l’allée du milieu, à gauche, il ÿ a un recoin d’où on voit la mer et la pointe Espagnole ; c’est là qu’Henriette et moi allons faire notre journal ; au bout de l’allée du haut, juste au-dessus de notre coin, il y a un banc de verdure ombragé d’un lilas ; c’est là qu’on va s’asseoir pour travailler lorsque nous ne faisons pas de promenade. Tonton a semé dans le jardin du cresson alénois et des radis, nous avons déjà mangé du cresson, il est délicieux. Le jardin possède aussi de petites poires excellentes ; nous aurons bientôt des pommes et des nèfles,

Maintenant, je vais parler de la maison : la principale pièce est la salle à manger qui sert de salon ; c’est là qu’on se tient quand il fait mauvais, on a une vue Superbe de cette pièce, En face, la rade, à droite, le Goulet, la côte, le phare de Ste Anne ; à gauche, Brest, le port de commerce, les rochers de Plougastel. A côté de la salle à manger, c’est la chambre de tonton Lionel, de tante Gabrielle et de Carle : elle est un peu moins large que la salle à manger. A l’étage au-dessus, c’est-à-dire à douze marches au-dessus, se trouve un petit trou où il n’y a qu’un lit,