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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

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ne peux ’guère faire de lecture de piété, les livres de messe étant écrits trop fin.

Comme lecture édifiante, j’ai la correspondance du père La- cordaire et de M€ Swetchine. — (J’en parlerai plus loin).

Maman est chez les Sprecher, Augustine faisant aujourd’hui sa 1e communion — ou étant reçue au temple, je ne sais trop lequel des deux —. Maman lui a porté de ma part une de ces photographies de tableaux que j’aime tant et de la part d’Hen- riette une charmante image. Maman m’avait proposé d’y aller moi-même en voiture, mais j’ai refusé, me sentant de trop mauvaise humeur.

Ce matin, Fernande est allée à la grand’messe avec Carle qui dès 7 heures voulait partir, craignant d’être en retard— (heu- reuse disposition). Elle m’a rapporté un rameau et du pain bénit.

Hier, Madeleine Barrau est venue me voir, elle reviendra de- main. Je l’avais très peu vue, ne sortant jamais, puis elle vient d’avoir mal au pied — pour avoir trop dansé, j’en suis per- suadée — elle est toujours très gentille et en ce moment elle est ravissante. Nous avons parlé de M. Cabane et de cette bonne vieille Clavel, comme elle l’appelle respectueusement. Voilà deux mois que Madeleine ne va plus au cours ; son pied a servi de prétexte, Nous avons parlé des romans d’Henri Gré- ville, elle ne les connaît pas ! alors c’est moi qui ai parlé tout le temps. Elle m’a dit qu’avant-hier, elle était allée à une vente de charité. Puis, elle m’a demandé de lui prêter un cahier de modèles de lettres pour en choisir une pour mettre au milieu d’un voile de fauteuil qu’elle fait. Fernande vient d’en faire un semblable. Mme Legros qui passe tous les hivers ici est partie il y a quelques jours ; nous l’avons beaucoup vue, elle dinait ici tous les deux jours, et les jours où elle ne dînait point, elle venait nous voir. Elle est bien intelligente et a l’esprit bien large ; elle s’occupe toujours d’antiquités et travaille beaucoup à l’ouvrage manuel. Je ne lui ai jamais vu deux fois le même ouvrage et cependant elle les finit tous ; un jour, recouvrir des planches de vieilles étoffes pour faire un cadre, un autre