Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 132 )

tares avaient été pris d’abord pour des démons incarnés, quand ils avaient attaqué les Hongrois et les Polonais : peu s’en fallut qu’on ne les jugeât tout-à-fait convertis, quand on vit qu’ils faisaient avec acharnement la guerre aux Turcs et aux Sarrazins. Dans ce moment, la puissance des Francs en Syrie était sur son déclin ; elle ne tarda même pas à tomber sous les coups des sultans d’Égypte. Mais de nouvelles croisades pouvaient la relever en un instant. Les Mongols se mirent à en solliciter dans l’Occident ; ils joignirent leurs exhortations à celles des Géorgiens, des Arméniens, des Grecs, des croisés réfugiés en Chypre. Les premiers Tartares avaient débuté par des menaces et des injures : les derniers en vinrent aux offres, et descendirent jusqu’aux prières. Des ambassadeurs furent envoyés par eux en Italie, en Espagne, en France, en Angleterre ; et il ne tint pas à eux que le feu des guerres saintes ne se rallumât de nouveau, et ne s’étendît encore sur l’Europe et sur l’Asie. On peut croire qu’ils avaient aisément fait entrer les papes dans leurs vues, et qu’ils trouvaient en eux de zélés auxiliaires. Mais, circonstance aussi singulière que peu remarquée, ce n’était plus de Rome ou d’Avignon, c’était de la cour de ces rois idolâtres que partaient d’abord ces sollicitations, pour engager les rois chrétiens à venir à la délivrance du Saint-Sépulcre ; et lorsque Clément V prêcha cette grande croisade qui devait mettre la Palestine entre les mains des Francs, c’est qu’il avait vu à Poitiers des envoyés mongols, qui lui avaient appris qu’une paix générale venait d’être conclue entre tous les princes