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Les missives des Tartares n’avaient pas toujours été si respectueuses : les premières étaient de simples billets pour enjoindre au pape, au roi de France, à l’empereur, de se soumettre sans délai, et d’apporter en tribut le revenu de leurs états au fond de la Tartarie. La forme de ces orgueilleuses sommations répondait à leur contenu. L’un et l’autre s’adoucirent insensiblement, à mesure que les Mongols eurent appris à mieux juger les avantages de l’alliance des Francs, dans leurs guerres contre les musulmans. Mais ce ne fut qu’après le partage consommé du gigantesque empire, fondé par Tchinggis-Khan, et quand ses successeurs se trouvèrent soumis aux chances ordinaires de la guerre et de la politique, que leurs lettres aux rois chrétiens acquirent l’honorable dimension dont nous avons parlé.

Leur conduite à l’égard des ambassadeurs européens fut soumise aux mêmes changemens. Le premier qui vint trouver un prince mongol de la part du pape, courut les plus grands dangers : il fut question dans le conseil de l’écorcher et de renvoyer sa peau remplie de paille à l’Apostole, c’est-à-dire, au pontife romain. Les divers envoyés de saint Louis furent traités avec moins de barbarie, mais reçus avec autant d’orgueil et de mépris. Ces peuples ne croyaient pas encore qu’ils dussent jamais avoir besoin du secours des Occidentaux ; mais quelques victoires remportées par les Mameluks, changèrent ces arrogantes dispositions. Les Mongols de Perse commencèrent à envoyer eux-mêmes des ambassadeurs, et à recevoir