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elles se montrèrent en Europe. J’ai fixé avec précision la date de leur commencement dans les contrées orientales, et j’ai tâché d’éclairer la route par où elles ont pu pénétrer chez les Occidentaux. La polarité de l’aimant avait été reconnue et mise en œuvre à la Chine, dès les tems les plus reculés. Il y a 4456 ans qu’un héros s’en servit pour reconnaître la route du Midi, au milieu des ténèbres dont un mauvais génie l’avait environné. Ce récit n’est qu’une fable ; mais une fable ancienne est, en pareil cas, une excellente autorité. On avait, dès le dixième siècle, dans le même pays, des chars à foudre qui produisaient le même effet que nos canons, et par le même moyen. Le petit-fils de Tchinggis-Khan, marchant à la conquête de la Perse, en 1255, un siècle avant la bataille de Crecy, avait dans son armée un corps d’artilleurs chinois. Les premiers livres tirés d’une planche gravée en bois, véritable édition princeps des livres classiques, parurent à la Chine en 952, cinq cents ans avant Guttemberg. Les Tartares orientaux, dès 1154, avaient créé des assignats, avec des bureaux pour les escompter ; ce qui avait élevé le prix des denrées d’une manière extraordinaire. Enfin, les cartes à jouer, dont tant de savans ont recherché l’origine, parce qu’elles marquent une des premières applications de l’art de graver en bois ; les cartes à jouer furent imaginées par les Chinois en 1120 ; et ce n’est que plus de deux siècles après (1332), qu’il en est parlé pour la première fois dans les statuts d’un ordre espagnol, auquel l’usage des cartes fut interdit. Re-