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ministration de M. le duc de Richelieu ; administration malheureusement trop courte pour le bonheur des peuples qu’il gouvernait, mais remplie de belles et grandes actions. Ce qu’il y a de consolant et d’honorable pour l’humanité, c’est de voir que dans le siècle où les bienfaits sont si facilement oubliés, M. le duc de Richelieu n’a point fait d’ingrats dans l’étendue des gouvememens de la Nouvelle-Russie : après huit années d’absence, le souvenir de son administration y est encore présent comme s’il venait de quitter ce pays ; le riche qui lui doit sa fortune, l’indigent, dont il était le soutien et le consolateur, tous lui portent la même affection, la même vénération. Il avait promis aux habitans de ces contrées de venir les visiter, et il comptait effectuer ce projet dans le courant de cet été même. Odessa l’attendait avec impatience : qu’on juge de l’effet qu’a dû y produire la nouvelle terrible de sa mort. La consternation se répandit dans toutes les classes de la société ; le spectacle fut fermé, et le deuil fut général comme aux jours de malheurs publics. Des services funèbres furent ordonnés, et, par un mouvement spontané et unanime, on prit la résolution d’élever une statue à la mémoire du plus vertueux et du plus bienfaisant des hommes. Les trois gouvernemens de la Nouvelle-Russie doivent participer à l’érection de ce monument d’une sincère et touchante reconnaissance.

Mais la ville d’Odessa tout entière n’est-elle pas le monument le plus digne de perpétuer d’âge en âge la gloire de M. le duc de Richelieu ? Et dût-elle su-