Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/19

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que tems, elle lui déclare de nouveau ses intentions. Mêmes instances de la part de l’ermite, qui cherche à la retenir. Pramnotchâ, dans la crainte d’attirer sur sa tête une imprécation redoutable, prolonge encore son séjour, et trouve dans Kandou un amant de plus en plus passionné. Il ne la quittait pas un instant ; aussi fut-elle singulièrement surprise un soir, en le voyant se lever brusquement de ses côtés, et précipiter ses pas vers un boccage consacré.

Eh ! quelle pensée vous agite donc, lui demanda-t-elle aussitôt ? — Ne vois-tu pas, lui répondit Kandou, que le jour est près de finir ? Je vole faire le sacrifice du soir, de peur de commettre la moindre faute dans l’accomplissement de mes devoirs.

— Eh bien ! homme consommé dans la sagesse, que vous importe donc ce jour, de préférence à cent autres ? Allez, quand celui-ci se passerait encore sans être fêté comme tous ceux qui, durant de grands mois, viennent de s’écouler pour vous, qui, dites-le-moi, pourrait y faire quelque attention, et s’en scandaliser ?

— Mais, répliqua l’anachorète, lorsque c’est ce matin même, ô femme charmante, que je t’ai aperçue sur le bord du fleuve, que je t’ai reçue dans mon ermitage, et que voici le premier soir témoin de ta présence en ces lieux… dis-moi, que signifie ce langage et ce rire moqueur que j’aperçois sur tes lèvres ?

— Et comment, lui répondit-elle, ne pas sourire de votre erreur, quand depuis ce matin dont vous parlez, voici qu’une révolution de l’année est en grande partie écoulée !