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Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/211

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les points les plus resserrés des gorges par lesquelles les troupes devaient passer, soit pour pénétrer dans les cavernes, soit pour opérer leur retraite, et leur fermaient tous les passages avec des palissades ; en sorte que les soldats, une fois engagés dans les montagnes, ne pouvaient plus ni avancer ni reculer, et en cherchant de nouvelles issues roulaient dans les précipices ou tombaient sous le fer des brigands. Pénétré de douleur et désespérant de les réduire, je voulus au moins défendre la plaine contre leurs invasions ; mais les Deux Kouang offrent une surface considérable. Quelle armée ne m’aurait-il pas fallu pour en protéger tous les points ? Les brigands apercevaient-ils un lieu sans défense : ils en faisaient incontinent le théâtre de leurs déprédations. Si j’envoyais du secours dans ce district, c’en était un autre qu’ils attaquaient. C’est ainsi qu’ils se livraient à leur penchant féroce, tandis que je me consumais en vains efforts ; c’est ainsi qu’ils atteignaient leur but, et que je manquais le mien. Cependant il fallait tout tenter pour sauver la province : je crus que je pourrais en venir à bout par des négociations particulières avec les diverses bandes qui la désolaient ; mais je ne songeais pas que les brigands sont comme des bêtes fauves ; je pouvais apprivoiser leurs corps, mais non leurs cours ; je pouvais les gagner pour un tems, mais non pour toujours. Il y a eu en conséquence beaucoup d’argent perdu : mais quels que soient mes crimes, je proteste que je suis pur de toute concussion. Je me suis rendu bien coupable, il est vrai, mais c’est de la manière que j’ai dite.