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Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/221

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tinée. Si donc il a plu au ciel de répandre sur vous les talens et les grâces, comptez qu’il a formé pour vous une femme douée des mêmes qualités. Mais parce que vous ignorez où est celle que vous souhaitez de voir, tandis que vous avez sous les yeux celles que vos yeux ne cherchent point, vous vous persuadez dans votre peine que vous êtes atteint d’une maladie incurable. Que l’objet de vos vœux s’offre à vos regards, et vous reconnaîtrez que votre mal était imaginaire. Jusques-là nos discours sont superflus. » — « Vous pensez donc, respectable vieillard, reprit le jeune homme, que je puis espérer de me faire un nom dans l’état, et de trouver une femme selon mon cœur ? » — « Sans aucun doute, répondit le vieillard, car si vous n’aviez pas ce qu’il faut pour parvenir à l’illustration, vous n’auriez pas songé à entrer dans l’armée ; si vous n’aviez pas ce qu’il faut pour former de beaux nœuds, votre âme n’aurait pas conçu l’image d’une femme douée de grâces et de talens. » — « Si vous savez, répartit Hoa-tien-hô, que j’ai de quoi m’illustrer, vous savez peut-être aussi sur quel théâtre je dois paraître ; si vous savez que j’obtiendrai une femme selon mon cœur, vous savez peut-être aussi à quelle famille elle appartient ? Ne puis-je pas l’apprendre de vous ? » Le vieillard se consulta tout haut sur la réponse qu’il devait faire. « Il n’est pas besoin, dit-il, que je le guide dans la recherche d’une épouse ; il la trouvera sans la chercher ; je puis donc me taire sur ce point ; la lui nommer, ce serait révéler un secret qu’il ne doit pas encore apprendre. — Je ne répondrai point à cette